Souffle coupé... mais ce n'est pas la faute de la muco !

Enfin, je commence à me remettre de ce mauvais virus avec lequel j’ai commencé l’année.
De façon surprenante, je me tiens au programme de suivi de diabète avec 6 glycémies par jour depuis une semaine, et j’en suis toute fière. (par contre, j’ai plein de nouveaux trous dans la pulpe des doigts…)
Mardi je suis allée marcher et vendredi je vais remettre ça.
Donc mes bonnes résolutions de l’année commencent bien !

Mais toutes ces considérations me semblent tellement futiles, en ce jour de deuil national.
Ça n’arrive pas souvent, mais aujourd’hui je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Stupéfaction, choc, indignation…
En même temps c’est merveilleux de voir se dresser tous ces rassemblements, en France et dans le monde, pour défendre notre liberté…

Mourir à cause de la muco, j’y ai déjà pensé plusieurs fois. Mourir à cause d’un bête accident de la route, ça fait également partie des options. On n’est jamais à l’abri. Mourir à cause d’une attaque terroriste dans le cadre de son travail, c’était tout bonnement impensable. Pas en France en tout cas.
C’est douloureux d’avoir besoin de ces circonstances pour prendre conscience des enjeux de notre liberté d’opinion. Je réécoute différemment les paroles de Florent Pagny, « Ma liberté de penser ».

Toutes mes pensées vont aux familles des victimes, ceux qui sont tombés sous les balles et ceux qui luttent contre les blessures de guerre infligées hier.

Tristes rayons de sourire,
Jessica

Jeanne – 16 juillet 2012
Comme dans toutes ces situations qui me mettaient face à la mort, j’avais un besoin irrépressible de sentir le contact humain, la chaleur de mon corps, tout ce qui me prouvait que j’étais encore bien vivante. Je voulais faire fonctionner mon sens préféré : le toucher. Je posai sur Julien un regard de braise, et entrepris de lui communiquer ce feu intérieur qui était en train de me consumer. C’était tellement bon d’être vivante !
Pour moi, la vie valait d’être vécue. Sans hésitation.
Surtout parce qu’elle était éphémère. C’était précisément ce qui lui donnait de la valeur ! De même qu’il devait y avoir sur cette planète des gens en mauvaise santé, pour que ceux qui jouissaient d’une bonne santé puissent la savourer. Julien aimait me répéter qu’il ne se rendait compte de son bonheur d’être en bonne santé que depuis qu’il connaissait les contraintes de la muco. Je me disais que j’avais accompli quelque chose de beau en lui offrant ce cadeau. Je n’y étais pour rien si les dés de la génétique avaient été pipés pour moi et pas pour mes sœurs. Alice s’était souvent sentie coupable que le sort m’ait désignée moi plutôt qu’elle et j’avais eu du mal à lui ôter cette idée de la tête. De toute façon, nous étions tous condamnés à quitter notre enveloppe charnelle, je ne me sentais pas plus lésée qu’une autre. Au contraire, ma chance dans mon malheur avait été de connaître la donne dès le départ. Je me sentais presque avantagée par rapport à ceux qui tombaient de haut à mi-parcours, à l’annonce d’une maladie. Moi, je vivais un combat au quotidien, et chaque jour gagné sur le peu d’espérance de vie qu’on m’avait prédit symbolisait une victoire immense.
En y réfléchissant bien, si on m’annonçait que j’allais mourir la semaine suivante, je ne changerais rien à mon rythme habituel. Quoique… j’arrêterais sûrement les aérosols pour mes huit derniers jours, pour avoir plus de temps pour l’essentiel : l’amour. Je dirais à mes parents que je les aime, je dirais à mes sœurs qu’elles sont les meilleures sœurs du monde, je ferais l’amour à l’homme de ma vie, tant que je pourrais encore utiliser mon corps.

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