Complètement par hasard, je suis tombée sur un article intéressant dans le
numéro de Marie-Claire du mois d'août, que je feuilletais pendant ma séance
d’aérosol. Dans leur rubrique de témoignages, une lectrice parlait de son
handicap, qui a forcément trouvé un écho en moi : l'anosmie (un mot
inconnu du correcteur d'orthographe !)
Derrière ce nom un peu bizarre se cache une réalité que je connais
malheureusement bien, depuis plusieurs années : la perte de
l’odorat.
Selon cet article, 5 % des Français sont atteints d'anosmie. Voilà encore un
handicap invisible ! Certes, de mon point de vue, je n'avais jamais
considéré la perte d'odorat comme un handicap, il s'agissait "juste" d'une
énième complication de la muco, qui n'engage pas (heureusement !) mon pronostic
vital. Mais après la lecture de ce témoignage, j'ai pris conscience de la gêne
que l'anosmie pouvait déclencher dans le quotidien.
Je ne vais pas me plaindre de ne pas sentir les mauvaises odeurs, je suis bien
la seule qui n'est pas dérangée lors de la remontée des égouts, ou quand il
faut changer la couche d'Adrien ! Là où ça peut être plus dangereux pour
ma santé, c'est par exemple le fait de ne pas sentir l'odeur de gaz ou de
brûlé. J'en avais d'ailleurs fait les frais en emménageant dans mon deuxième
appartement à Londres, qui avait été mal raccordé au gaz (alors que l'agence
m'avait remis le certificat qui prouvait le contraire). C'est un couple d'amis
venus me rendre visite qui avait donné l'alerte. Le plombier qui était venu
remettre aux normes le circuit n'avait pas compris pourquoi j'avais attendu une
semaine avant de me rendre compte de la fuite de gaz...
J'ai remarqué dernièrement que je me parfume de moins en moins, tout simplement
car je n'y pense pas. Pourtant, j'ai plaisir à vaporiser un peu de parfum
derrière les oreilles, d'autant plus lorsque j'ai peur de sentir mauvais sans
m'en rendre compte. (oui, il m'arrive d'avoir des angoisses totalement idiotes,
je le reconnais...)
Autre question délicate, quand on est anosmique (quel adjectif original !),
c'est le rapport au goût. Évidemment, mon sens du goût n'est pas développé de
la même manière que ceux qui ont tous leurs sens activés, mais je ne dirais pas
pour autant que j'ai perdu le goût. J'ai beaucoup de plaisir à manger, par
contre j'aurais du mal à expliquer ce que je ressens. Je ne peux pas savourer
le vin comme il se doit, car il me manque "le nez", justement ! Alors
voilà, j'ai appris à faire avec mes capacités, donc je déguste à ma
façon.
Lorsque je cuisine (un bien grand mot pour ceux qui connaissent mes talents
culinaires), j'applique toujours la recette à la lettre, notamment sur les
temps de cuisson, car je suis incapable de me fier à autre chose. Ce n'est pas
l'odeur des croissants chauds qui me réveillerait le matin !
Par contre, ce que j'aime plus que tout, c'est le contact, et faire travailler
mon sens du toucher. Je dois sûrement compenser la perte de l'odorat par un
surdéveloppement du toucher, mais je n'analyserais pas ce point-là
aujourd'hui.
Le témoignage dans Marie-Claire fait également mention du travail d'une
photojournaliste, Éléonore de Bonneval, sur les "sans nez". Je serais curieuse d'avoir
les réactions de ceux qui ont pu assister à son exposition photos de
Villefranche-sur-Saône !
Enfin, l'anosmie ne m'empêche pas d'arriver à mobiliser des forces en
préparation des Virades de l'Espoir ! Ma collecte continue sur la page
Mon Défi ! Merci à vous de votre soutien !
Rayons de sourire,
Jessica
PS : Il n'y aura pas de Billet Du Jeudi la semaine prochaine, car je serai
en vacances sans accès Internet (et sans mon aérosol).