A une époque pas si lointaine où les contrôles de sécurité avant de monter
dans l'avion ne s'apparentaient pas à une fouille corporelle minutieuse et où
on pouvait emporter une bouteille d'eau sans crainte de passer pour un
terroriste, je ne m'étais jamais posé la question de savoir si mes médicaments
devaient compter comme produits liquides. Depuis que les nouvelles normes de
sécurité imposent de faire contenir tous ses produits liquides (de moins de 100
ml, soit la moitié d'un biberon d'Adrien !) dans un sachet plastique aux
dimensions peu extensibles, je fais nettement plus attention à ce que j'emporte
en cabine lors de mes voyages en avion. Et alors, depuis que je dois non
seulement préparer mes affaires mais également celles d'Adrien, le casse-tête
se complique ! Heureusement que ses biberons ne sont pas soumis à la règle
des contenants de moins de 100 ml ! Lors du contrôle, il faut juste mettre
dans un bac à part tous les produits de bébé, qui sont ensuite vérifiés dans
une machine spéciale qui teste les produits explosifs.
Je croyais avoir trouvé une méthode ingénieuse lors de mes week-ends de
retrouvaille en famille pour alléger mon sac de voyage (qui, nécessairement,
pèse toujours une tonne !). En tant que flippée de l'anticipation, j'avais
laissé chez mes parents le double de mes basiques de voyage, soit une brosse à
dents et un dentifrice, un pyjama, de la crème hydratante, du pain d'épices, et
bien sûr mes médicaments. (sauf l'aérosol car la sécurité sociale ne prend en
charge qu'un appareil...)
Vraiment, j'apprécie de "voyager léger", je n'ai besoin que de mon passeport,
un paquet de mouchoirs (parce que le rhume n'est toujours pas parti en
vacances, lui !) et un bon livre. Une fois sur place, au bord de la mer, je ne
regrette pas d'être partie avec mon imperméable, et j'ai tout ce qu'il me faut
sur place.
Dimanche, avant de partir pour l'aéroport de Perpignan, je fais le tri dans les
affaires d'Adrien, toujours dans le souci de nous charger au minimum, mais en
même temps, de pouvoir faire face à un retard d'avion ou autre. Mes parents se
chargeront de me faire passer le reste plus tard, lors d'un voyage en train ou
en voiture.
Ce que je ne pouvais pas prévoir, c'est que la météo avait empêché les avions
d'atterrir sur la piste depuis le matin, et que les passagers des vols
précédents s'étaient retrouvés reroutés vers les aéroports de Toulouse ou
Montpellier. Papa est confiant, au vu de la petite pluie de l'après-midi, le
pilote de notre avion devrait pouvoir atterrir pour venir chercher ses
passagers. Il a déjà vu des conditions météorologiques bien pires dans
lesquelles les avions volent, surtout qu'il n'y a pas non plus de bourrasques
de vent. Mon côté positif prend le dessus et je rassure ma petite sœur Marine,
il faut juste être patients et nous finirons bien par rentrer sur Paris.
Adrien a descendu un biberon en entier pour son goûter, et il ouvre grand ses
yeux pour ne pas perdre une miette de ce qui se passe dans la salle
d'embarquement. Notre avion devait décoller à 18h, mais à 18h30 il semble que
notre avion ne pourra pas venir nous chercher. Après plusieurs tentatives
d'atterrissage sur cette piste maudite (au moins pour la journée), l'A320 est
allé se poser à Montpellier. Les hôtesses nous annoncent que le vol sera
retardé, puis qu'il sera déplacé avec départ de Montpellier et qu'ils sont en
train de chercher une solution pour nous y emmener en car, et enfin qu'il n'y a
aucun car disponible pour cette fin de journée, un dimanche, un jour férié, et
le quatrième voyage de la journée à organiser, on en demandait peut-être un peu
trop !
A 20h, la bonne nouvelle est qu'ils ont trouvé un car... mais pas avant demain
matin 5h45 ! L'avion devrait décoller à 9h. Il va donc nous falloir passer
la nuit à Perpignan et repartir avant l'aube. Mon premier réflexe (quelle maman
modèle !) est de calculer les provisions de lait en poudre qu'il me reste pour
Adrien. Après le biberon du goûter, j'ai encore deux doses en réserve, mais
entre le biberon du soir, celui de la nuit si besoin, et celui du matin, c'est
trop juste ! D'autant plus que si nous arrivons à Paris en temps et en
heure annoncés, ça sera l'heure du déjeuner, mais si nous avons plus d'une
heure de retard, il faudra que je lui trouve à manger. Je n'ai vraiment pas
bien géré la situation. (Mais qui aurait pu prévoir ? me souffle ma sœur
qui ne veut pas que je me donne mauvaise conscience.)
Renseignements pris auprès du taxi qui nous emmène à l'hôtel (sans siège auto,
bien sûr !), de l'hôtel qui affiche complet, des amis qui habitent dans le
coin, c'est très difficile de trouver du lait en poudre un dimanche soir à
22h ! Je n'ai donc pas d'autre solution que de rationner les doses qui
restent et d'offrir à Adrien un biberon assez dilué en eau par rapport à
d'habitude ! Le bonhomme chouine un peu mais au final il n'a pas l'air
très perturbé.
Une fois qu'il est (à moitié) rassasié, au tour des adultes de dîner ! Au
moment d'attaquer nos sandwiches, je me rends compte de ma bêtise : je
n'ai aucun médicament sur moi. Pas de Créon, pas d'insuline. Il faut bien que
je mange, alors avant la première bouchée, j'adresse une petite prière à mes
organes, qu'ils soient aussi sages qu'Adrien face à cet imprévu.
Forcément, ça n'a pas marché, et je me suis retrouvée "en compote" (pour ceux
qui n'ont pas la traduction, voir cet ancien billet) pour le restant de la nuit. Ce n'est pas
l'absence d'une dose de Créon ou d'insuline qui m'aurait rendu malade comme ça,
mais combiné au stress des aléas du voyage, cela a suffi ! Le réveil à 4h
me retrouve dans le même état, et je me précipite sur la compote de pommes
proposée au buffet du petit-déjeuner. (Entre parenthèses, je n'avais jamais vu
un petit-déjeuner à l'hôtel qui commence si tôt !)
Il fait nuit noire quand nous montons dans le car pour Montpellier, et le
chauffeur nous accueille avec beaucoup d'humour. Presque deux heures plus tard,
nous voilà installés dans l'avion. On tient le bon bout... sauf que le pilote
est désolé de nous apprendre que le trieur à bagages de l'aéroport a cessé de
fonctionner, donc il leur faut aller chercher à la main les bagages en soute
qui n'ont pas encore été acheminés vers notre avion. Adrien vient de descendre
un nouveau biberon, les munitions de lait en poudre ont sacrément baissé, et
moi je rêve de retrouver quelques gélules de Créon.
Finalement, les passagers dont les bagages sont restés coincés dans le trieur
acceptent de récupérer leurs affaires plus tard dans la journée, et nous
pouvons décoller pour Paris. Deux heurs plus tard, je franchis la porte de la
maison juste au moment où l'horloge interne d'Adrien décide que c'est l'heure
du déjeuner : parfait timing !
La morale de cette histoire, c'est que je devrais TOUJOURS avoir ma trousse à
médicaments avec moi, même pour un voyage de 2h, car il peut très bien en durer
20 ! Voilà le B.A.BA que devrait respecter une globe-trotteuse comme moi
!
Rayons de sourire,
Jessica
1 De Karine -
Bonsoir Jessica.
Ce soir, enfin, je décide de t'envoyer un petit message. L'année dernière, mon compagnon est arrivé avec ton livre, celui-ci était resté quelques semaines sur une étagère (il faut dire que je ne suis pas une grande littéraire), puis il m'a pris l'envie de le commencer et j'ai beaucoup aimé la façon dont tu as raconté ton histoire et j'ai également beaucoup appris sur la mucoviscidose. Depuis la fin de la lecture de ton livre, je me connecte chaque jeudi sur ton blog pour suivre tes aventures et j'adore te lire.
Je suis extérieure à la maladie et à ta famille, le seul lien qui m'a fait te connaître, c'est mon compagnon qui est un ami de ton père, ils ont le même âge et travaillent au sein de la même entreprise. Le hasard a fait que j'ai rencontré tes parents samedi lors d'un mariage. J'ai discuté avec ta maman et c'est elle qui m'a poussée à t'écrire, car je n'osais pas trop.
Je termine mon message par un grand BRAVO pour tout ce que tu fais et continue de le partager à travers ton blog.
Bien cordialement,
Karine