La plus grande force de l’association Vaincre la Mucoviscidose, c’est de
mobiliser de façon récurrente des milliers de bénévoles pour faire des Virades
de l’Espoir le succès que l’on connaît.
Mais pour atteindre le chiffre impressionnant de 4,5 millions d’euros sur
l’édition 2019, il ne faut pas seulement une formidable énergie et une
motivation à toute épreuve de la part de ces bénévoles. Il faut également du
travail, de l’organisation, et de la persévérance de la part d’un plus petit
nombre. Les organisateurs des Virades de l’Espoir travaillent bien en amont de
la date des Virades, afin de fidéliser les partenariats avec les prestataires
de l’événement, afin d’en développer les ressources, et d’échanger sur les
bonnes pratiques avec d’autres organisateurs.
Le week-end dernier, j’ai été invitée à témoigner lors du Carrefour des
Virades, qui rassemble tous les organisateurs des Virades, les délégués
territoriaux de l’association, et de nombreux représentants de l’association.
Plusieurs ateliers sont présentés, en fonction de l’axe que les participants
souhaitent développer sur leur Virade. Le millésime 2020 proposait les ateliers
suivants : Le levier des entreprises, Le coaching DAF (Directeur
Administratif et Financier), Coaching communication, Ateliers DAF - DT (Délégué
Territorial), ou encore Sécuriser sa collecte.
Dans le cadre de l’atelier sur « Sécuriser sa collecte », je me suis
donc retrouvée devant une soixantaine de bénévoles, pour leur parler de
mon expérience de page de collecte.
En effet, dans le monde traditionnel des Virades de l’Espoir avant l’ère
internet, les seules recettes de l’événement se comptabilisaient le jour même,
par le nombre de dons reçus sur place, les inscriptions à la course et les
dépenses à la boutique ou au stand crêpes. Depuis l’apparition des pages de
collecte sur internet, les donateurs qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’à la
Virade sont tout de même sollicités pour participer financièrement en amont, et
si un événement extérieur (souvent, une mauvaise météo) provoque une baisse de
fréquentation le jour J, cela permet de limiter les dégâts sur la perte de
recettes. Par exemple, sur la Virade des Rois 2018, qui a été annulée à cause
des alertes de Météo France, les dons recueillis sur les pages de collecte et
la mobilisation des partenariats avec les entreprises ont tout de même permis
de récolter presque autant d’argent à l’association que l’édition
précédente.
Comment réussir sa page de collecte, donc ?
Il faut commencer par lui trouver un titre (de préférence court et accrocheur),
accompagné d’un texte personnalisé. Ensuite, il faut l’illustrer d’une photo
facile à identifier (typiquement, une photo de l’édition précédente des
Virades). La cause de la collecte doit être mise en avant, le donateur doit
comprendre facilement comment son argent va être utilisé, en toute transparence
(il peut être utile de rappeler à cet effet les 4 objectifs de
l’association).
Le nerf de la guerre, c’est l’argent, représenté par l’objectif financier de la
collecte. Attention, cet objectif doit être atteignable, pour ne pas décourager
les éventuels donateurs qui ne s’intéresseront pas à une collecte irréaliste,
mais si l’objectif est trop faible, vous perdrez aussi des donateurs, par
exemple si votre collecte a déjà atteint 100% de son objectif le jour du
lancement de la campagne de collecte, certaines personnes ne seront pas
motivées. L’expérience aide pour se fixer un objectif raisonnable, mais
j’incarne la preuve vivante que l’on peut encore se tromper. Après une page de
collecte 2018 à 28 000€ (pour un objectif annoncé de 25 000€), je n’ai pas osé
mettre la barre à 30 000€ pour l’édition 2019 (d’autant plus que 2019 rimait
avec la mise en place de l’impôt à la source, qui avait des répercussions sur
la générosité du grand public), et pourtant j’ai pulvérisé mon record de
collecte en 2019 avec 32 750€ rapportés à l’association. Pour 2020,
j’afficherai donc clairement un objectif à 30 000€ ! Je suis tout de même
consciente de faire partie d’un petit nombre de pages de collecte qui génère
autant de recettes, donc, mon conseil, c’est de se fixer un objectif à 20€ de
don espéré par donateur contacté.
Au niveau du calendrier, il faut également prévoir du temps pour lancer sa
campagne et donner le temps aux donateurs d’y participer, mais en même temps,
cela ne sert à rien de s’y prendre trop longtemps en avance. Sur l’année
civile, je fais appel à mes donateurs seulement une fois par an, lors des
Virades. Je me limite à cet événement pour ne pas les submerger de
sollicitations, ce qui peut également décourager les donateurs qui sont
relancés en permanence. De mon expérience, j’essaye de lancer ma collecte un
mois avant la date des Virades, et je laisse la page ouverte jusqu’à la fin de
l’année civile, pour laisser le temps aux éventuels retardataires de
participer. C’est que pendant tout le temps de la campagne, je dois animer
cette collecte, la faire vivre pour inciter mes donateurs à y participer. Sur
la page de mondefi, je peux ajouter des actualités, des photos, des
commentaires. Je mets un point d’honneur à répondre également à chaque
notification de don, pour remercier mon donateur, même de façon brève.
L’association recommande de procéder par étapes à l’heure de communiquer sur sa
campagne de dons. La première étape, pour lancer la collecte, s’adresse au
cercle proche (la famille, les amis), qui vont vous soutenir même en voyant que
le compteur de votre collecte se situe à moins de 10% de l’objectif. Ensuite,
quand le compteur se met à grimper et qu’il arrive entre 10 et 50% de
l’objectif, vous pouvez contacter votre entourage éloigné (vos connaissances,
vos collègues), qui va être motivé pour participer à votre collecte, mais qui
aurait pu être découragé de faire le premier don sur votre page. Enfin, si vous
arrivez à plus de 50% de l’objectif, vous pouvez viser encore plus loin. A ce
moment-là, incitez tout le monde à participer à votre campagne, faites circuler
l’information sur les réseaux sociaux, et dans les cercles de vos amis, et
pourquoi pas, contactez la presse locale ou régionale, qui pourrait faire
parler de votre événement.
Si vous communiquez par e-mail, faites attention à bien tenir à jour votre
carnet d’adresses, pour éviter que votre e-mail soit catégorisé comme spam. Pas
plus de 100 destinataires par e-mail, et pas d’envoi à des adresses qui
n’existent plus.
Sur la communication même de votre campagne, et notamment pour les Virades, il
faut raconter une histoire. En ce qui me concerne, c’est facile, c’est mon
histoire avec la muco que je vais mettre en avant, à savoir, les défis de
l’année écoulée avec la muco, le travail, la gestion du quotidien, l’évolution
de VEMS, le rythme des visites à l’hôpital ou des cures… Si les gens
s’identifient, ils vont être plus enclins à participer.
Pour ma part, je propose toujours trois façons de participer à ma collecte, et
elles ne sont pas exclusives ! La première, c’est d’aller physiquement à
une Virade, et de donner symboliquement son souffle. La deuxième, c’est de
participer financièrement à ma page de collecte. La troisième, c’est de faire
parler de ma collecte (ce qui ne coûte rien mais peut rapporter beaucoup
!).
Sur la partie financière, je rappelle que Vaincre la Muco est garantie par le
comité de la charte du don en confiance, et que chaque don ouvre droit à un
reçu fiscal qui permet de déduire de ses impôts 66% du don.
De plus, j’aime rappeler à mes potentiels donateurs que tous les dons comptent.
S’ils se disent qu’un don de 10€ ne fera aucune différence, ils peuvent ne pas
être motivés pour donner. Démontrez-leur qu’au contraire, chaque don est
important, les petits comme les grands, et rappelez-leur des équivalences de
don pour le concrétiser. Par exemple, un don de 10€ à l’association permet de
financer une nuit d’hébergement dans une maison de parents afin de permettre à
un proche de rester près d’un patient hospitalisé en CRCM. Un don de 20€ permet
de financer une heure d’aide à domicile pour un patient en pré ou post-greffe.
Un don de 30€ permet de financer un mois d’inscription en salle de sport pour
un patient dans le cadre d’un projet de réhabilitation à l’effort. Un don de
50€ finance le soutien et l’accompagnement du patient post-greffe. Un don de
100€ finance un kit de matériel respiratoire pédiatrique. Un don de 300€
finance 3 jours de présence d’une infirmière dans un CRCM. Un don de 500€
permet de financer le travail d’un chercheur.
De la même manière, lorsque je remercie tous mes donateurs après la Virade, je
reprends des exemples concrets qui correspondent au montant récolté. Par
exemple, avec 28 000€, l’association peut financer un projet de recherche sur
l’infection, visant à analyser l'administration intra nasale et prophylactique
de Lactobacillus vis-à-vis de pathogènes respiratoires fréquemment retrouvés
chez des patients atteints de mucoviscidose (équipe de recherche de Brest). Sur
la page de l’association des projets de recherche financés sur la
base de l’appel à projets, vous pouvez facilement retrouver des idées
concrètes.
Voilà, vous savez tout sur ma recette pour une page de collecte réussie, alors,
je compte sur vous pour répondre présent au prochain appel des organisateurs de
Virades qui cherchent des organisateurs de collecte pour générer un résultat
2020 encore plus prometteur ! Grâce à la mobilisation de tous, nous
avançons vers un monde sans mucoviscidose !
Du fond du coeur, un immense merci à tous ceux qui animent ces Virades de
l’Espoir, et à tous les donateurs qui soutiennent cette action, cruciale pour
espérer vivre mieux et plus longtemps. Motivée par ce formidable élan de
solidarité, j’arrive à relativiser les épisodes d’hémoptysie qui deviennent de
plus en plus fréquents ces derniers temps. Tant que le volume de sang craché
reste peu abondant, j’échappe à l’embolisation (dont je vous avais parlé dans
ce billet). Alors, je m’accroche !
Rayons de sourire,
Jessica
PS : Le Billet du Jeudi part en vacances jeudi prochain, je vous donne
donc rendez-vous le 27 février !