C'est dingue à quel point l'ambiance générale a dégénéré en l'espace de
moins d'une semaine.
Vendredi dernier, j'ai reçu un message de la direction pour m'informer que je
devais faire du télétravail à partir de lundi, étant donné que j'avais été
répertoriée comme "personne à risque" face à l'épidémie de Coronavirus. Sur le
coup, je l'ai mal pris, même si cela partait d'un bon sentiment, mais je me
suis sentie exclue et je l'ai mal vécu. (Peut-être que si on avait pris le
temps de me parler directement plutôt que d'envoyer un e-mail, j'aurais mieux
réagi...) Sauf qu'à la fin du week-end, tous mes collègues qui prennent les
transports en commun pour se rendre au bureau ont reçu le même message. En
conséquence, lundi matin, toute mon équipe était en télétravail, j'étais donc
logée à la même enseigne que les autres.
Certes, je suis fragile, je fais partie des personnes à risque à cause de la
mucoviscidose, mais le gros avantage que j'ai par rapport au reste de la
population qui découvre les mesures d'hygiène de base, c'est que moi, je les
applique depuis toujours. Se laver les mains régulièrement, (à l'eau et au
savon plutôt qu'au gel hydro-alcoolique, d'ailleurs), ne pas serrer la main ou
faire la bise à ses collègues pour dire bonjour, éternuer dans son coude, jeter
ses mouchoirs usagés, porter un masque en présence d'autres malades... toutes
ces recommandations font partie des règles d'hygiène de base. C'est tout de
même drôle qu'on ait dû attendre l'arrivée du Coronavirus pour adopter ces
gestes, très efficaces pour lutter contre n'importe quel virus d'ailleurs (la
grippe saisonnière, l'épidémie de gastro, le rhume, etc.).
Donc pour une fois que la mucoviscidose me donne un avantage, j'en suis très
contente ! Espérons que le reste de la population continuera à adopter ces
gestes une fois l'épidémie canalisée.
J'ai dû faire contre mauvaise fortune bon coeur après l'annonce de l'annulation
de l'assemblée territoriale de Vaincre la Muco Ile de France, où je devais
témoigner des défis à relever au quotidien avec la mucoviscidose, mais on ne
pouvait pas risquer un regroupement avec d'autres patients. Le coup de grâce
est tombé dans la semaine également, avec le report des Journées Francophones
de la Mucoviscidose et l'assemblée générale de Vaincre la Muco. Gros coup dur,
car ces retrouvailles sont une occasion unique d'échanger et d'apprivoiser
encore un peu mieux notre maladie chronique. Mais là encore, le risque
sanitaire est trop important, alors soyons patients (sic !).
Par contre, après ces annulations en chaîne, j'ai perdu un peu de mon calme
face à cette vague de panique qui a déferlé sur tout le territoire (et ne
parlons pas de nos voisins transalpins en quarantaine !). J'ai demandé avis au
CRCM suite à la conduite à tenir pour le reste de mes activités quotidiennes.
Est-ce qu'ils me conseillaient de ne plus prendre les transports ? De ne
plus aller au cabinet de kiné ? De ne plus aller au sport ? De
reporter mes rendez-vous à l'hôpital ? (sachant que je venais d'aller à
Cochin deux fois dans la semaine, pour la diabète et pour l'ostéopathe...)
Finalement, la réponse de la pneumologue m'a rassurée, elle m'a dit de faire
attention mais sans non plus dramatiser, car, comme je le pensais, toutes ces
mesures d'hygiène que nous devons mettre en place pour contrer l'avancée de
l'épidémie font déjà partie de mon quotidien. Elle m'a également conseillé
d'éviter de faire mes courses en magasin et d'utiliser les services de courses
en ligne.
Finalement, on s'inquiétait d'une guerre nucléaire, et ce qui va nous mettre
par terre, c'est un simple virus... Une véritable catastrophe pour l'économie,
pour les entreprises, pour les relations humaines. J'espère qu'on sera assez
fort pour résister, mais pour l'instant, on n'est pas encore en phase de
récupération. On est en plein coeur de l'épidémie, j'ai l'impression de vivre
le jeu "Pandemic legacy" en direct live !
Petit clin d'oeil à Merlin l'Enchanteur, qui avait gagné son duel contre la
diabolique Madame Mim en se transformant en virus...
Rayons de sourire,
Jessica