Comme dit le proverbe, « toutes les bonnes choses ont une fin ! »,
et c’est avec une certaine émotion que je suis arrivée au terme de mon Jeu de
l’Oie pour mes droits.
L’histoire avait commencé en mars 2017, à la fin du mi-temps thérapeutique de
mon retour de congé de maternité.
Plusieurs billets ont été consacrés à ma demande d’invalidité pour le travail,
en avril et novembre 2017, puis en mai 2018 et février 2019.
En mai 2017, j’ai été reconnue Invalide de catégorie 1, ce qui veut dire que je
peux continuer à travailler, mais avec certains aménagements. J’ai signé un
avenant à mon contrat de travail, pour un mi-temps qui me correspond bien. Je
travaille donc tous les jours de 9h à 13h, soit un total de 20h par
semaine.
Comment ça se passe quand on bascule dans l’invalidité, personne ne me l’avait
vraiment expliqué, et je l’ai découvert au fur et à mesure des expériences.
Pour en avoir parlé avec plusieurs assistantes sociales, il faut croire que
j’étais la seule muco déclarée invalide à avoir travaillé à l’étranger, et
personne ne savait répondre à mes questions pratiques.
La théorie est pourtant simple. Lorsqu’un salarié (du privé, je ne connais pas
la situation pour les fonctionnaires) est reconnu invalide de catégorie 1, les
techniciens de la sécurité sociale font une moyenne des dix meilleures années
travaillées, pour calculer le salaire de référence. En prenant 30% de ce
salaire de référence, ils calculent la pension d’invalidité qui sera versée.
Chaque mois (durant la première année, et depuis, chaque trimestre), je dois
donc déclarer à la CRAMIF le salaire versé par mon employeur, pour que la
sécurité sociale complète avec la pension d’invalidité.
En pratique, vu que neuf ans de ma vie professionnelle n’ont pas été pris en
compte dans le fameux calcul, et que je n’avais travaillé que dix ans avant
d’être estampillée « invalide », mon salaire de référence n’était pas
très élevé. Il faut savoir aussi que le salaire de référence n’est calculé
qu’une seule fois, ou à chaque changement de catégorie (si je passe en
catégorie 2 d’invalidité, ce qui veut dire que je devrais réduire mon temps de
travail, ou en catégorie 3, lorsque je n’ai plus du tout la capacité de
travailler). D’où mon insistance et mes réclamations pour faire valoir toute ma
carrière professionnelle, vu que j’avais cotisé à la Caisse des Français de
l’Etranger pendant toute cette période.
Par contre, je ne sais pas où mes courriers sont arrivés, mais je n’ai jamais
eu aucun retour. En passant par l’assistance téléphonique (appel surtaxé
facturé à la minute, c’est malin !), je me suis également rendu compte que ce
service de techniciens (qui au final, n’ont besoin que d’une calculatrice fx-92
collège) ne prend pas non plus les appels. Leur mode de fonctionnement, c’est
qu’ils notent qu’une personne a appelé, et ils la rappellent quand ils ont le
temps, sans prévenir sur le créneau horaire, sans laisser de message, et sans
lui donner une deuxième chance. Un peu difficile, dans ces conditions, de
pouvoir échanger sur son dossier d’invalidité !
Finalement, le couperet est tombé cette semaine : l’assurance invalidité
pour laquelle j’ai cotisée pendant mes années à l’étranger ne permet pas de
prendre en compte ces années dans mon relevé de carrière pour la sécurité
sociale. Donc leur calcul initial sans prise en compte de mes revenus à
l’étranger était juste. (Je me demande encore pourquoi ils m’ont demandé à
chaque fois de fournir les justificatifs s’ils savaient dès le départ que ma
demande était infondée…) Cette assurance aurait été intéressante si j’avais été
reconnue invalide PENDANT ma période à l’étranger, mais c’est tout. (Sachant
qu’en Angleterre, la NHS ne me donnait même pas les antibiotiques pour mon
traitement de base, je ne vois pas comment elle aurait pu comprendre mes
difficultés à concilier mucoviscidose et vie professionnelle, mais cela, c’est
une autre histoire…) Une fois que je suis rentrée en France, les compteurs
redémarrent à zéro. (Il parait que pour le calcul des retraites, c'est
différent, il y a des accords entre les pays, mais bon, comment dire que je n'y
crois pas trop... et surtout, d'ici à ce que je prenne ma retraite, les règles
auront sûrement changé !)
Mon parcours digne des 12 Travaux d’Astérix touche donc à sa fin, et même s’il
n’a pas vraiment pris la direction souhaitée, je suis soulagée de pouvoir
connaître la conclusion de l’histoire. Je vais récupérer un peu d’énergie à
investir dans des activités nettement plus réjouissantes. C’est dingue quand
même, le temps qu’on perd en tracasseries administratives !
En conclusion, si vous pensez faire une demande d’invalidité, réfléchissez-y à
deux fois et demandez à vous faire accompagner. Demandez de l’aide à la mission
emploi de l’association Vaincre la Mucoviscidose, faites une simulation avec
l’assistante sociale de votre CRCM de vos droits en Indemnités Journalières (il
faut savoir qu’après trois ans d’indemnités journalières, la sécurité sociale
n’indemnisera plus vos arrêts maladie liés à l’ALD, jusqu’à ce que le salarié
cumule un an sans arrêt maladie), contactez le département invalidité de la
sécurité sociale de votre domicile, ils peuvent vous recevoir en rendez-vous.
Renseignez-vous sur les différentes options (vous pouvez demander un temps de
travail aménagé même si vous n’êtes pas déclaré invalide, juste avec la
Reconnaissance de Travailleur Handicapé (RQTH), dont je vous avais parlé dans
ce billet.)
Rayons de sourire, Jessica