Une fois n’est pas coutume, la fin d’année scolaire annonce de grands
changements. Cette semaine marque la fin d’une période importante pour
moi : ma vie madrilène.
En préparant ma valise pour rentrer en France, je ne peux m’empêcher d’avoir un
petit pincement au cœur. Je sais au fond de moi que j’ai pris la bonne décision
pour préserver au mieux mon capital santé. Je vais pouvoir retrouver un kiné
professionnel tous les jours au lieu d’une séance hebdomadaire, je vais pouvoir
être suivie dans un centre spécialisé pour les mucos adultes au lieu du service
pédiatrique, je vais pouvoir commander directement mes médicaments à la
pharmacie en bas de chez moi au lieu de charger mes parents de me les envoyer
depuis la France, je vais pouvoir être reconnue comme muco au boulot sans
devoir m’épuiser à justifier ma toux…
Les conditions sont tout de même idéales, j’ai déjà un boulot qui m’attend et
ma famille qui se réjouit de m’accueillir. En plus, j’ai eu un excellent
premier contact à l’hôpital de Cochin, ce n’est pas comme si j’allais sauter
dans l’inconnu.
Mais voilà, je suis une émotive et il s’en faut de peu pour que je verse une
petite larme en disant « Au revoir » à tous ceux qui m’ont
accompagnée durant ces dernières années : toute l’équipe de l’hôpital, et
spécialement le pneumo, les kinés de ville que j’ai moi-même formés à la kiné
respi qui me convenait, et les amis bien sûr ! Pour les revoir, je
pourrais toujours m’évader quelques week-ends dans l’année, (2h d’avion ce
n’est rien !), tout comme j’ai pris l’habitude de passer deux week-ends par an
à Londres pour retrouver les bons côtés de mon ex-vie londonienne.
Une page de ma vie se tourne, à moi d’écrire le prochain chapitre ! (et
pourquoi pas en faire un prochain livre !)
Rayons de sourire,
Jessica
Mélanie – 6 juin 1997
La dernière lettre de Jeanne avait un ton un peu triste et mélancolique, parce que le pyo était revenu. C’était trop bête, juste au moment où elle s’intéressait aux garçons, enfin, plutôt AU garçon, vu qu’il n’y en avait qu’un qui était digne d’intérêt à ses yeux. Elle se plaignait que Daniel ait conquis son cœur en même temps que le pyo avait reconquis ses poumons. Il ne lui laissait plus de répit. Elle n’arrivait plus à s’en débarrasser, même à grand renfort d’antibiotiques, d’aérosols et de kiné (deux séances par jour, tout de même !). Elle avait déjà enchaîné deux cures IV sur les six derniers mois, et ça n’était malheureusement pas suffisant. Dans ces conditions, je comprenais sans mal ce spleen qui s’exprimait dernièrement. Elle avait peur de devoir annuler sa participation au spectacle de danse de fin d’année, si elle devait commencer les perfs. Il fallait qu’elle trouve des arguments convaincants pour les retarder de quelques semaines. Mais ensuite venait le brevet ! Et puis, les vacances ! Décidément, ce n’était jamais le bon moment !