Avec l'apparition du diabète dans ma vie de muco, j'avais l'impression
d'avoir franchi un cap, un point de non-retour dans l'aggravation de la
maladie. Réaction somme toute normale, face à un nouveau traitement lourd au
quotidien, face à de nouveaux examens à effectuer lors de mes bilans à
l'hôpital, face aux questions soulevées par cette nouvelle maladie. Je dois
reconnaître que j'ai accordé peu de crédit à l'endocrinologue qui m'avait
expliqué que le traitement sous insuline allait m'aider à maintenir une bonne
capacité pulmonaire.
J'y ai mis le temps, mais je pense que je suis en train d'apprivoiser mon
diabète. Et ça, c'est plutôt une très bonne nouvelle !
Avec un diabète équilibré, on observe une meilleure prise de poids, une
meilleure capacité respiratoire et moins d'exacerbations pulmonaires. Je
comprends donc sans problème que les médecins cherchent à atteindre cet
objectif ! D'autant plus qu'avec la grossesse, mes objectifs glycémiques
ont tous été revus à la baisse, alors que la fréquence de mes passages à
l'hôpital pour voir l'endocrinologue a été revue à la hausse. Non seulement il
y a des risques pour ma santé, mais également des risques importants pour
Junior, notamment risque de malformation cardiaque et/ou risque d'un bébé trop
grand ou trop gros à cause du stockage du surplus de glucose qui passe
directement de la mère à l'enfant.
Lors des premiers mois de grossesse, les médecins m'ont assez fait peur avec
ça, et maintenant j'obéis sans rechigner à l'endocrinologue qui me demande une
prise de sang mensuelle pour mesurer mon taux d'hémoglobine glyquée (HbA1c), en
plus des contrôles d'autosurveillance glycémique (lorsque je me pique au bout
du doigt avant et après chaque repas). Je n'aime toujours pas les prises de
sang, mais en récupérant des résultats encourageants, je me dis que Junior me
remerciera. Il va déjà hériter un "mauvais" gène de la muco de sa maman, il n'a
pas sûrement pas envie de récupérer d'autres mauvaises surprises !
Le dosage de l’hémoglobine glyquée donne la proportion d’hémoglobine du sang
qui a fixé du sucre. Elle s’exprime en pourcentage. Le terme "glyquée" vient de
"glucose", le sucre qui est capté par l’hémoglobine. Alors que la glycémie
varie tout au long de la journée en fonction de l’apport alimentaire, de
l’activité physique réalisée et de la prise de médicaments, l'hémoglobine
glyquée, en revanche, n’est pas influencée par ces facteurs. Elle est le reflet
du taux moyen de sucre dans le sang sur une durée d’environ 3 mois, ce qui
correspond à la durée de vie moyenne d’un globule rouge.
Dans mon cas, l'idéal est que les valeurs d'HbA1c soient inférieures à 7%.
Autant dire que je suis fière d'afficher un résultat de 4,6% ! J'ai même
remercié la laborantine en récupérant mes résultats tout à l'heure, même si
elle n'y est pour rien. Je peux m'auto-féliciter, c'est chouette de voir ses
efforts récompensés !
Une motivation supplémentaire pour continuer les piqûres d'insuline,
l'autosurveillance glycémique, un régime alimentaire bien équilibré, l'activité
physique régulière, les aérosols, la séance de kiné, tout ça tous les
jours ! C'est pour mon bien... et pour celui de Junior !
Rayons de sourire,
Jessica
Jeanne - 24 mars 2011
Au moment où elle me rappela, toute tristesse s’était envolée. J’avais eu le temps de relativiser durant le trajet. Aussi je pus raconter ma matinée à maman sans sourciller, sans sangloter, sans l’alarmer. A ma grande surprise, on aurait dit qu’elle avait déjà digéré la nouvelle qui me restait encore sur l’estomac.
— Tu as quand même vécu presque vingt-huit ans sans diabète. On savait bien que ça allait arriver un jour ou l’autre, de toute façon.
Ah bon ? Pour moi, j’avais toujours pensé faire partie des 50 % de mucos qui étaient épargnés par le diabète. J’avais clairement une tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.