Depuis le temps, je suis au courant que je suis plus fragile que les autres.
Et pourtant, j’ai toujours du mal à l’accepter. Je dois bien reconnaître que je
ne suis pas aussi forte que ce que j’aimerais. Ça me coûte, de me montrer
vulnérable.
Revenons à jeudi dernier, lorsqu’Adrien commence à tousser. Je ne me suis pas
inquiétée plus que cela, c’est bien normal de tousser un peu avec l’arrivée de
l’hiver, les pics de pollution répétés sur Paris, et l’envie d’imiter maman en
permanence. Lorsque son père rentre à la maison, il remarque tout de suite que
quelque chose ne va pas. Adrien fait de drôles de bruits, il a du mal à trouver
sa respiration avec la tétine dans la bouche et il siffle. Je ne m’en fais pas
car j’ai la solution miracle à portée de main, il suffit de lui nettoyer le nez
avec du sérum physiologique et il pourra à nouveau respirer avec le nez dégagé.
Mon homme en doute, et il a raison. Dix minutes plus tard, nous assistons à une
véritable crise. Difficile à décrire ces bruits, mais cette fois-ci je suis
inquiète. J’appelle le 15 pour leur décrire les symptômes. Ils me parlent d’une
laryngite, et nous envoient une ambulance (30 minutes d’attente
annoncées).
Adrien arrive à se calmer et à reprendre petit à petit sa respiration. On voit
que ça lui demande beaucoup d’efforts. Et puis, à nouveau, ça dérape. Je
rappelle le 15, ils me conseillent de faire couler de l’eau chaude dans la
salle de bains et de m’y enfermer avec Adrien pour que les vapeurs d’eau chaude
l’aident à respirer. L’ambulance est en route.
Enfin, les ambulanciers arrivent et procèdent à un premier examen. Adrien ne
veut pas se laisser faire, et il faut se battre pour prendre sa température, sa
saturation d’oxygène, sa fréquence respiratoire. Il crie toujours autant. Le
diagnostic de laryngite est confirmé, surtout au vu du sternum qui s’enfonce à
chaque respiration. On se met en route pour les urgences de Necker. Le premier
ambulancier est un peu hésitant parce que, selon la procédure, ils peuvent
emmener UN parent et pas les deux… Heureusement que l’autre ambulancier ne se
pose pas la question, il m’installe sur le lit dans l’ambulance, avec Adrien
sur mes genoux, et mon homme à la place de l’accompagnateur. En arrivant sur le
boulevard, il enclenche la sirène et puis, 50 mètres plus loin, il y a un gros
boum… L’ambulance vient de s’encastrer dans une voiture de particuliers qui n’a
pas voulu la laisser passer ! Adrien a eu assez peur mais heureusement
personne n’est blessé. Les ambulanciers appellent des collègues en renfort pour
venir nous récupérer car leur véhicule n’est plus en état d’avancer.
Le temps me semble long.
Lorsque la deuxième ambulance arrive, on effectue le transfert de véhicule et
cette fois-ci on arrive sains et saufs aux urgences. La salle d’attente est
bondée mais Adrien est tout de suite pris en charge, c’est rassurant. Il
rechigne à avaler le Doliprane puis le Célestène mais il ne m’aura pas, j’ai
enfilé mon costume de Super-Maman-Insensible-Aux-Pleurs-De-Son-Enfant-Malade,
car la priorité c’est qu’il puisse respirer à nouveau normalement. Le médecin
prescrit un aérosol d’adrénaline et d’oxygène, et nous ne sommes pas trop de
deux à le maintenir pour qu’il puisse inhaler ce qu’il faut. Ces 25 minutes me
semblent une torture et je me répète en boucle dans ma tête que c’est pour son
bien. Mon homme m’aide à tenir bon.
Ensuite l’infirmière passe prendre ses constantes toutes les 20 minutes. On
voit qu’Adrien va déjà mieux. Le creux au niveau du sternum a disparu, et
surtout, son air malicieux est revenu. Il prend conscience de tous les objets
qui l’entourent et il se demande ce qu’il peut faire comme bêtise, comme jouer
avec toutes les feuilles de papier placées sous la balance. Lorsqu’il rigole,
ça m’impressionne ce son très rauque, mais je suis tout de même soulagée de
l’entendre rire. Finalement, lorsque le médecin revient, elle estime qu’il n’a
pas besoin d’un nouvel aérosol et elle nous renvoie chez nous, avec une
ordonnance de corticoïdes pour le week-end.
A 5h, nous sommes de retour à la maison, et pas mécontents de pouvoir aller
dormir. A 8h, je lutte pour aller travailler, en pensant que la sieste de
l’après-midi va me permettre de récupérer. Lorsque je rentre du boulot, je
m’effondre dans mon lit, ce qui me permet de reprendre des forces. La nuit
suivante est encore très difficile. Je me sens désemparée car je ne vois pas
comment je peux aider mon fils à respirer. Et puis, le tournant arrive dans la
nuit du dimanche à lundi : c’est à mon tour d’avoir la gorge enflée, le
nez pris, le mal de crâne…
C'est là que s'enclenche la spirale infernale : les quintes de toux
nocturnes, les après-midis de sieste pour récupérer, le nez qui coule en
permanence, l'impression d'être dans du coton tellement mes sensations virent
au ralenti, les combats avec Adrien pour lui laver le nez, mon périnée qui est
déjà parti en vacances, ma voix qui disparait également, un mal de tête
persistant qui s'installe, à tel point que je ne supporte plus les cris de mon
fils... Je finis par appeler le CRCM car je dois me résoudre à ce que ce virus
ne parte pas de lui-même. Je commence donc les antibios par voie orale pour 5
jours, et on fera un point lundi prochain. J’espère que je serai un minimum
rétablie pour profiter des vacances de Noël ! J’attends avec impatience de
pouvoir trouver au pied du sapin le bouclier magique qui empêcherait toute
infection pulmonaire et la recharge de batterie pour corps humain !
J’espère que le Père Noël ne sera pas en rupture de stock !
Rayons de sourire,
Jessica