Au lycée, quand Mathieu ne venait pas en cours parce qu'il était malade, sa
mère écrivait un mot dans son carnet de correspondance pour informer les
professeurs : "rhinite et asthénie". En somme, il s'agissait de termes un
peu pompeux pour dire "rhume et fatigue".
Ce sont exactement ces deux mots qui me sont venus à l'esprit ce matin quand ma
collègue m'a demandé comment j'allais. Le rhume s'est installé dans la nuit de
lundi à mardi. Bizarrement, je l'ai senti arriver et se développer. Je ne sais
pas s'il est lié au pic de pollution que nous avons connu à Paris cette
semaine. J'essaye de m'en débarrasser le plus vite possible, sans le
transmettre à Adrien bien sûr. (Youpi, les masques sont de retour à la
maison ! Pourtant, ce n'est pas encore Carnaval !)
Ma collègue m'a demandé, de façon très bienveillante, pourquoi je n'étais pas
restée chez moi avec ce rhume. Je n'y avais même pas pensé ! Je devrais
faire les comptes, depuis le temps, car je pense que je suis enrhumée une bonne
moitié de l'année. Ce n'est jamais ce qui m'a empêchée d'aller travailler.
Avoir un rhume, ce n'est pas ce que je qualifie de malade. Si j'ai "juste" le
nez qui coule et que j'éternue, je me protège avec un masque et je renfloue mes
provisions de mouchoirs, mais je ne change pas non plus mon rythme de la
journée. Tant que je n'ai pas de fièvre ou d'autre douleur, ce n'est pas la
peine de lancer l'alerte.
Pour m'obliger à rester chez moi, il faut vraiment que je me sente très malade,
et je le vis comme un coup dur. Tout simplement parce que j'aimerais tellement
pouvoir vivre "comme les autres", sans me soucier des traitements au quotidien,
que je considère comme un privilège le fait de pouvoir aller travailler
(étudier, voyager, ça s'applique avec beaucoup d'autres verbes !).
De la même manière qu'on reconnait le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en
va (merci Jacques Prévert), on n'apprécie vraiment d'être en bonne santé qu'à
partir du moment où on a connu des problèmes de santé (et heureusement !).
Alors, pendant que je lutte intérieurement pour reléguer mes petits tracas du
quotidien le plus loin possible, je vous saurais gré de m'encourager dans cette
voie. Je connais mes limites, je connais ma mucoviscidose, je connais ma
capacité de résistance.
"Rhinite et asthénie", ils ne me font même pas peur. (en tout cas, pas cette
semaine !)
Rayons de sourire,
Jessica