Il y la frustration dont nous parlent de nombreux experts de la petite
enfance, celle qu'Adrien est en train d'expérimenter et qui lui provoque des
crises de larmes. Chaque parent a sa manière d'enseigner la frustration à ses
enfants, (sachant bien sûr qu'il y a la théorie où tout marche comme dans un
film de Walt Disney, alors que dans la pratique, il peut y avoir des ratés,
mais c'est un autre débat). Je pense que cette frustration est nécessaire au
développement de l'enfant. Dans la vie, on ne peut pas tout vouloir ni tout
avoir. Il faut savoir se contenter de ce que l'on a.
Or, voilà qu'au moment où je m'applique pour inculquer ces grands principes à
mon fils, je suis moi-même victime d'une frustration encore plus intense et
encore plus grande. J'en ressens une douleur tellement forte que je suis
presque prête à pardonner à mon fils ses accès de colère due à la
frustration.
Il y a la frustration dont aucun expert ne peut me parler, celle d'une maman
muco qui fait le constat amer qu'elle n'a pas les capacités de s'occuper de son
fils.
C'était lundi. Après presqu'une semaine d'antibiotiques, je ne ressentais pas
vraiment les bienfaits du traitement. J'ai dû quitter le cours de gym en plein
milieu car je ne pouvais plus contrôler ma toux. J'ai dû m'arrêter à deux cents
mètres de la maison en rentrant du kiné car je ne pouvais plus avancer. J'avais
le souffle et les jambes coupés. Mon périnée a complètement lâché, ajoutant la
honte à mon impuissance. (En plus, une fois arrivée dans le hall de mon
immeuble, j'ai découvert que l'ascenseur était en panne, ce n'était vraiment
pas ma journée !)
Avec mon mari, on a envisagé différents scénari pour la suite. Il était partant
pour que j'appelle le CRCM tout de suite, et moi, je freinais un peu car je
savais que cet appel allait engendrer le début d'une cure au plus vite. J'avais
l'impression d'avoir échoué. Je ne voulais pas perturber nos projets pour le
week-end de Pâques. Je voulais pouvoir partir quelques jours avec les gens que
j'aime, sans me soucier d'autre chose que de la météo, et je me suis pris un
nouveau coup de massue sur la tête.
Surtout, la question primordiale était de savoir ce que j'allais faire d'Adrien
pendant ma cure, puisque je serai incapable de m'occuper de lui. Et ça, ça fait
très mal.
J'ai mis du temps à digérer cette information, puis je me suis tournée vers mes
soutiens indéfectibles : la famille. Mes parents, mes soeurs, et mes
beaux-parents se sont arrangés pour venir m'aider à tour de rôle. Dès que j'ai
eu le CRCM mardi matin, l'annonce du début de cure a été relayée, et
l'organisation s'est mise en place en un claquement de doigts.
Mercredi soir, on a donc lancé l'artillerie lourde. Mon sursis aura été de
courte durée mais j'espère recouvrer au plus vite toute la force qu'il me faut
pour contrer la maladie et pour encourager mon fils à grandir. Ce soir, je lui
ai d'ailleurs parlé des médicaments qui passent dans les poumons de sa maman,
et on a fait des piqûres aux doudous qui étaient malades. Ils se sentaient
beaucoup mieux après, comme par magie.
Merci à vous tous, qui me donnez de la force pour continuer à me battre (et
pour gérer ma frustration !). Le moral se porte beaucoup mieux qu'en début de
semaine, et je ne doute pas qu'il va continuer à grimper, grimper,
grimper...
Rayons de sourire,
Jessica
1 De Annie lucie Lagadec -
Merci à Toi de montrer dans chacun de tes petits récits ce que vivent les mucos, sous des jolis petits "minois" : la réalité de cette maladie, les embûches quotidiennes pour réaliser ce qui peut paraître si simple aux autres, les moments de grande fatigue physique et je crois, pour vous tous cette fatigue morale qu'aucun médicament ne soulage dans ces moments là
Et malgrè tout cela,ton optimisme qui reprend le dessus!
Merci de toujours terminer par cette magnifique signature , qui résume à elle seule
ce que tu es "Rayons de sourire"
c'est pour ces "Rayons de sourire" les tiens et ceux des autres que l'on veut y arriver et on y arrivera!