Lundi 13 août, l’un des jours les plus calmes au niveau de la circulation
parisienne. Lorsque je sors du bureau à 13h, je fais un détour par la Poste
pour récupérer la lettre recommandée qui m’attend, et là, c'est le choc en
voyant la file d'attente qui empiète jusque sur le trottoir !
Moi qui n'ai croisé personne sur le chemin, je m'étonne de retrouver tant de
voisins à cet endroit, certes réputé pour la longueur de sa file d'attente. (Il
est vrai que certains doivent poser une journée de RTT pour récupérer un colis
!) Dans ce cas-là, je remarque le (petit) panneau d'affichage qui indique que
les bureaux de Poste parisiens aménagent leurs horaires d'été pendant le mois
d'août, et ils n'ouvrent qu'à 13h. Autant dire que j'ai mal choisi mon heure
pour m’y rendre !
Devant le portail d'entrée, un agent d'accueil répartit les visiteurs entre
ceux qui font la queue pour récupérer ou envoyer un colis, et ceux qui viennent
retirer de l'argent. Je lui précise que j'ai une carte d'invalidité, et il me
répond que je dois voir avec les gens s’ils veulent bien me laisser passer. Je
le prends mal, car je pensais qu’il allait m’accompagner jusqu’au guichet,
justement pour m’éviter de devoir me justifier devant les autres usagers. (Ce
que j’avais trouvé très appréciable au guichet SNCF.)
Si je dois remonter la file d'attente en précisant à chacun que j'ai un
passe-droit, je vais arriver rouge pivoine au guichet. Je sais que je ne
devrais pas, mais j'ai vraiment développé un complexe face à mon handicap
invisible, et je n'ose pas le rendre visible quand il y a du monde. (On est
bien d'accord que c'est justement dans une situation comme celle-là que je
devrais clamer haut et fort de me laisser la priorité !) C'est ridicule d'avoir
honte de doubler les gens qui font la queue, mais je ne le fais finalement que
très rarement.
Je prends donc mon courage à deux mains, et je me pointe devant le guichet,
juste sur le côté, et j'informe la dame (aux cheveux blancs) qui est la
prochaine à passer que j'ai une carte de priorité. Lorsque le postier lève le
nez et fait venir la prochaine personne, je fais un demi-pas en avant, mais il
tourne très vite la tête pour s'adresser à la dame (aux cheveux blancs, donc,
mais sûrement pas encore dans la tranche des Seniors). Elle lui dit Bonjour et
lui explique que j'ai une carte de priorité. Or, comme elle s'avance en même
temps qu'elle parle, il décide de s'occuper d'elle et moi, je regarde toute la
scène et ne dis rien...
Une fois qu'elle a payé son timbre, je fais un plus grand pas en avant vers le
guichet et me présente à mon tour. Pendant que l'employé va chercher ma lettre,
la dame aux cheveux blancs, qui est toujours en train de ranger la monnaie dans
son porte-monnaie, s'excuse auprès de moi. Elle n'y est pour rien, la pauvre,
c'est moi qui aurais dû insister pour passer, sauf que ce n'est pas mon genre.
Et si elle répète encore devant tout le monde que j'ai une carte de priorité,
je vais me sentir encore plus mal de ne pas savoir assumer.
Je signe le recommandé et récupère la lettre, puis je me faufile discrètement
le long de la file d'attente dans l'autre sens. Je ne devrais pas me sentir mal
comme cela, mais c'est plus fort que moi.
En rentrant chez moi, je respire un bon coup, puis j'ouvre le courrier et je
découvre la raison pour laquelle j'ai sorti ma carte d'invalidité : une
lettre de la sécurité sociale qui me rappelle qu'ils ne peuvent pas indemniser
mon arrêt de travail du mois de juin car "le médecin conseil a estimé que
l'affection à l'origine de mon arrêt de travail est celle pour laquelle je
perçois déjà une pension d'invalidité depuis le 01/05/2017".
Ah oui, c'est vrai qu'à cause de la mucoviscidose, j'ai choisi de travailler à
mi-temps pour préserver mon capital santé au maximum, et en conséquence j'ai
choisi de toucher un demi-salaire... qui est de toute façon trop élevé pour que
la sécurité sociale me verse une pension d'invalidité. (Pour rappel, cumul des
versements bruts reçus depuis le 1er janvier : 12,88€.) Heureusement que
j'ai une bonne prévoyance avec le boulot, qui prend en charge quand je suis en
cure les quatorze jours d'arrêt maladie non payés ni par ma boîte ni par la
sécu. (Enfin, c'est ce qu'ils m'ont dit quand j'ai parlé des arrêts maladie non
indemnisés, j'attends la réponse définitive sur mon compte en banque à la fin
du mois prochain normalement !)
Mais alors, ce que je ne comprends vraiment pas, c'est pourquoi ils doivent
m'envoyer un courrier recommandé (= je vais devoir faire la queue à la Poste)
plutôt qu'un e-mail sur mon espace client. Il me semble que j'avais déjà reçu
ce genre de courrier l'année dernière, directement dans ma boîte aux lettres.
Je vais suggérer cette piste d'amélioration à mon conseiller invalidité, car
j'aurai sûrement d'autres arrêts maladie liés à la muco d'ici à ma retraite
!
Et d'ici là, je vais essayer de m'entraîner à prendre un air détaché en
doublant tout le monde dans les files d'attente... en me répétant que c'est du
temps en plus gagné pour faire mes aérosols !
Rayons de sourire,
Jessica
1 De Cécile -
Tiens je viens de recevoir un papier de la MDA aujourd'hui, ils m'ont refusé la carte...