On parle de l'intuition féminine, mais dans mon cas je parlerai plutôt de
l'intuition de ma pneumologue. Dès le mois de juin, elle m'avait dit que
j'aurais du mal à échapper à une cure de perfusions d'antibiotiques avant la
fin de ma grossesse... Et bien elle avait entièrement raison, car après les
bonnes surprises liées au repos et à l'intensification de la kiné au mois
d'août, il a suffi d'un banal rhume pour me mettre complètement KO...
Vendredi dernier je suis passée au CRCM (Centre de Ressources et de Compétences
pour la Mucoviscidose) en urgence, et le diagnostic ne s'est pas fait attendre.
Avec toujours 10^7 de Pseudomonas qui se promènent dans mes bronches,
un encombrement qui va crescendo, une fatigue intense qui ne va pas vraiment
s'améliorer dans les prochains temps, des nuits tellement agitées par la toux
que même les siestes ne sont plus réparatrices, il fallait bien frapper un
grand coup, c'est-à-dire lancer l'artillerie lourde avec les perfusions
d'antibiotiques.
La bonne nouvelle, c'est que les infirmières coordinatrices du CRCM s'occupent
de tout l'aspect logistique, ce qui n'est pas rien. Puisque c'est ma première
cure d'antibiotiques sur Paris, elles ont dû chercher tous les prestataires
associés à ce plan de bataille, soit : un bloc opératoire à l'hôpital pour
assurer la pose du picc-line, une infirmière pour venir tous les jours à
domicile faire passer le traitement, le prestataire médical qui livre le
matériel qui prend de la place (le contenant), la pharmacie qui s'occupe des
antibiotiques et du sérum (le contenu), ça en fait du monde à
coordonner !
Je leur tire mon chapeau car tout a été organisé très rapidement.
Mardi matin, je suis passée au bloc pour la pose du picc-line. Cette fois-ci,
j'ai même eu droit à un peu d'anesthésie locale (après le premier trimestre de
grossesse, 1cc d'anesthésie ne devrait pas faire de mal au bébé, et ça peut
être tellement bénéfique pour la future maman !), et heureusement car le
chirurgien a bataillé pour trouver une veine. Son discours, qui se voulait
rassurant lorsqu'il s'est présenté à moi ("Ne vous en faites pas Madame, en 5
minutes chrono, tout est réglé"), s'est transformé au fil du temps en un
langage beaucoup plus coloré et qui ne m'était sûrement pas destiné ("P#$*@ de
b#$*@ de m#$*@, la veine roule et on ne peut rien fixer"). 1h30 plus tard, il
était tout de même fier de m'annoncer qu'il avait réussi un exploit au vu de
mon capital veineux. Je suis repartie avec le picc-line en place, certes, mais
également avec un hématome assez moche et douloureux, juste en dessous du
picc-line, là où la veine n'a jamais voulu accepter qu'on la touche.
Après ces émotions, le petit-déjeuner de l'hôpital était le bienvenu.
L'après-midi j'ai récupéré tout le reste du matériel, juste à temps pour
l'arrivée de l'infirmière du soir. Je n'ai vraiment pas fait long feu ensuite,
et j'ai dormi comme un bébé (enfin, comme un bébé sage qui fait déjà ses nuits)
jusqu'à l'arrivée de l'infirmière du matin le lendemain matin.
Maintenant j'ai deux semaines pour me requinquer et me remettre sur pied !
Déjà, pour les Virades de l'Espoir, dans 10 jours, je devrais me sentir un peu
plus en forme. Ma collecte de fonds continue sur la page : http://mondefi.vaincrelamuco.org/projects/la-collecte-de-jessica-jessica-s-fundraising-campaign
Et bien sûr, l'objectif pour le mois d'octobre c'est d'avoir récupéré toutes
mes forces, et même plus, pour pouvoir faire connaissance avec Junior dans les
meilleures conditions possibles !
Rayons de sourire,
Jessica
Jeanne - 3 décembre 2001
L’opération ne devant pas avoir lieu tant que je n’avais pas besoin de perfs, je m’étais sentie tranquille au moins jusqu’à Noël. L’arrivée d’un hiver rude ne m’avait cependant pas laissé beaucoup de répit, vu que je passai au bloc le 18 novembre. J’avais d’abord été très agréablement surprise par les résultats de l’anesthésie locale. J’étais allongée sur le billard, seulement recouverte d’un champ couleur « vert hôpital », dans lequel le chirurgien avait ouvert un grand carré au niveau du haut de mon torse. Mais l’inclinaison de la table d’opération faisait en sorte que mon regard n’avait pas accès à cette zone, même en louchant très fort. Mon cerveau savait pertinemment que le chirurgien était en train de faire de la couture à cet endroit-là, mais il ne le sentait pas. Par contre, mon ouïe n’avait malheureusement pas été anesthésiée, et j’entendais tout ce qui se passait au bloc. Le cliquetis des instruments en métal qui s’entrechoquaient me paraissait terrifiant. Le chirurgien sifflotait, et voulait engager la conversation. Moi, j’étais trop stressée pour lui répondre par autre chose qu’un claquement de dents. L’opération m’avait semblé durer une éternité, mais finalement en moins d’une demi-heure le chirurgien m’avait laissée aux mains de l’infirmière pour finaliser les pansements. En plus d’installer la chambre implantable, il y avait également connecté une aiguille de Huber pour que je puisse commencer la cure le soir même. Toute la partie supérieure gauche de mon torse et jusqu’à la base du cou était recouverte de compresses, de Bétadine, de Tegaderm, autant dire que je ne pouvais pas vraiment admirer le résultat. Le chirurgien semblait content de lui, il m’avait même promis que je le remercierais dans quelque temps, quand je pourrais voir le très beau travail qu’il avait réalisé. Il m’avait assurée que je pourrais continuer à mettre des décolletés sans qu’on s’aperçoive de la présence de la chambre implantable. La magie du baby port-à-cath ! C’était sympa de sa part de penser à conserver mon capital séduction.
1 De Cécile -
J'ai découvert ton blog la semaine dernière, par hasard, en cherchant une info sur le CRCM de Cochin. Je l'ai parcouru en entier, me reconnaissant dans certains de tes écrits. Je suis en début de grossesse, j'ai le même âge que toi, suis suivie au même endroit... Je n'ai que très rarement des cures IV, mais le passage sur le Picc Line sans anesthésie a retenu toute mon attention! J'espérais bien que ça ne m'arrive pas!
Et voilà qu'en fin de semaine, je suis admise en urgence à l'hôpital pour une belle hémoptysie, je me retrouve en cure (la dernière remonte à 2008, vraiment pas de bol d'en avoir une dès le début de grossesse, j'espère que ce sera la seule...) et j'ai pensé à toi quand on m'a dit que j'allais au bloc pour la pose du PICC.
Mais non, j'ai eu le droit à une petite anesthésie locale, tout s'est très bien passé. La manip radio m'expliquait que ça n'était pas un problème, que beaucoup de femmes découvrent leurs problèmes dentaires lors de la grossesse et qu'il faut bien les soigner.
A suivre...
Bonne continuation à toi!