Depuis que je suis toute petite, je raffole des jeux de piste et autres
énigmes en tout genre. Je me rappelle très bien des rallyes que maman
organisait pour nos goûters d'anniversaire, (le premier pour fêter mes 7 ans,
le dernier en date pour mes 30 ans !), ou de la façon avec laquelle papa m'a
initiée aux grilles de logique de Logigramme.
Cette semaine, j'ai lancé les démarches pour anticiper ce qui va se passer
après la fin de mon mi-temps thérapeutique, et j'ai vraiment l'impression de me
retrouver dans un Jeu de l'oie grandeur nature. Si je tire le mauvais numéro
aux dés, je peux être contrainte à reculer de trois cases, mais si je tombe sur
une carte Chance, je peux être dans les temps pour valider toute la
paperasserie !
Au "Jeu pour mes droits", il y a plusieurs joueurs, même s'ils ne sont pas tous
conscients de la course contre la montre qui s'est engagée. Mon objectif, c'est
d'atteindre la dernière case avant le 1er avril, date à laquelle prend fin ma
période de mi-temps thérapeutique. Les autres joueurs m'avaient parlé de
l'invalidité, sans forcément entrer dans les détails pratiques, alors il était
temps que je me penche sur le sujet si je ne veux pas rester sur la case "Puits
sans fond".
Il y a eu d'abord le médecin du travail, qui m'avait convoquée une première
fois lors de ma reprise après mon congé maternité, puis une deuxième fois six
mois plus tard. Elle m'avait dit qu'il serait sûrement très difficile pour moi
d'envisager de travailler à plein temps, et qu'il faudrait demander
l'invalidité. Bien.
Il y a eu ensuite le médecin conseil de la sécurité sociale, qui m'avait
convoquée en août dernier (j'en avais parlé ici), pour faire le point par rapport au
mi-temps thérapeutique et surtout à ce qui allait se passer après. Elle m'avait
dit qu'on devrait faire un dossier d'invalidité si je ne reprenais pas le
travail à 100%. Je n'avais pas demandé plus de précisions sur ce "on",
persuadée qu'il englobait mon médecin traitant, le médecin du travail et le
médecin de la sécu, comme dans le cas du mi-temps thérapeutique.
Puis il y a eu mon médecin traitant, qui a prolongé mon mi-temps thérapeutique
pour six mois. Elle m'avait dit qu'on passerait plus tard à la demande
d'invalidité. Naïvement j'ai cru qu'il s'agissait d'une demande à l'initiative
du médecin.
Mais quand même, j'en ai parlé à l'assistante sociale du CRCM, qui s'était
occupée comme une pro de mon renouvellement d'ALD (j'en avais parlé ici). Elle m'a tout de suite transmis le
formulaire de demande de pension d'invalidité, ainsi que les étapes à suivre,
et elle m'a conseillé d'en parler avec le chargé d'emploi de Vaincre la
Mucoviscidose.
Voilà comment se sont ajoutés à mon parcours deux salariés de
l'association : le chargé d'emploi, donc, et l'assistante sociale qui
m'avait reçue peu après la naissance d'Adrien. Ils m'ont confirmé que je devais
signer un avenant à mon contrat de travail, qui stipule mes nouveaux horaires
et conditions de travail. (Pas de chance : retour trois cases en arrière
lors de mon entretien avec la responsable des ressources humaines qui
m'expliquait qu'il ne fallait surtout pas changer mon contrat de travail, car
cela me pénaliserait...) Comme ils avaient un doute sur la légitimité
d'ouverture de mes droits, (car depuis mon départ en congé maternité, je n'ai
reçu aucune indemnité journalière (IJ) de la Sécurité sociale), j'ai dû faire
un détour par la case Sécurité sociale.
Bien que mes arrêts de travail soient enregistrés dans mon compte Améli, il
semblerait que mon employeur n'avait pas fourni tous les documents demandés à
l'époque par la CPAM. Retour sur la case "bureau de la RH" pour lui demander de
se mettre en contact avec la Sécurité sociale et de faire le point avec eux sur
les pièces manquantes à mon dossier. Je passe mon tour durant 2 tours (comme
sur la case de l'hôtel) pour attendre que la communication soit rétablie de ce
côté-là.
Je ne reste pas pour autant inactive, car j'envoie ma demande de pension
d'invalidité à la CRAMIF, la Caisse Régionale d'Assurance Maladie d'Ile de
France, qui gère l'invalidité. En parallèle, je me mets en relation avec le
Collectif Interassociatif sur la Santé, sur les conseils de Vaincre la
mucoviscidose. Là aussi se pose la question des fameuses IJ, qu'on pourrait me
refuser si je ne suis pas en mesure de justifier d'au moins 600 heures de
travail sur les douze derniers mois précédant mon arrêt de travail initial.
Comme je travaillais en Espagne avant de travailler en France, on me conseille
de contacter le Centre des Liaisons Européennes et Internationales de Sécurité
Sociale, au cas où je doive faire jouer les équivalences des heures de travail
entre la France et l'Espagne.
Hier matin, carte chance : je reçois par la Poste la convocation du
médecin conseil de la Sécurité sociale, qui me recevra dans 8 jours. Je me
réjouis, cela veut dire que mon dossier avance et que je ne reste pas bloquée
sur la même case. Ouf ! Allez, maintenant je n'ai plus qu'à lancer un
double six pour pouvoir avancer encore plus vite !
Rayons de sourire,
Jessica