Moins d'une semaine après ma dernière visite au CRCM, je pousse à nouveau la
porte du service, la boule au ventre. Au téléphone, la pneumologue a demandé à
m'ausculter, car ce que j'ai raconté à l'infirmier coordinateur la laisse
perplexe.
Comme convenu, j'ai commencé les aérosols de Bricanyl, et je ne ressens plus la
sensation oppressante de manquer d'air. Par contre, j'ai craché du sang
vendredi soir, juste avant de me coucher, trois fois plus que d'habitude, de la
vraie confiture de fraises. Récidive samedi soir, au même moment, mais en
moindre quantité. J'ai attendu lundi matin pour appeler le CRCM, soulagée de ne
pas avoir eu de crachat de sang dans la nuit. Je suis toujours prise de quintes
de toux sèches, pourtant mes crachats sont verts et épais durant les séances de
kiné. Je n'ai pas de fièvre, mais je suis toujours "en compote", et surtout je
suis lessivée par ces quintes de toux violentes. La pneumo pense qu'il y a
sûrement une infection qui traîne et elle me propose de refaire une cure de
perfusions. Même si ça fait seulement deux semaines que j'ai fini ma dernière
cure IV ? Oui... Et bim, petit coup de massue sur la tête.
J'ai bien fait de venir en consultation. Je savoure une première petite
victoire quand je vois que l'aiguille de la balance s'est légèrement décalée
sur la droite : + 500 grammes au compteur. L'auscultation est normale, et
mon VEMS est aussi bon que la semaine précédente, ce qui est un sacré
soulagement. J'ai du mal à tenir les 6 secondes d'expiration sans provoquer de
quinte de toux, mais comme c'est le volume de la première seconde qui compte,
pas trop d'inquiétude à avoir. Je sens que le médecin va pouvoir me proposer
autre chose que des perfusions.
Elle m'envoie faire une radio des poumons pour vérifier qu'il n'y a pas de
foyer infectieux caché, et la conclusion est parfaite. On revoit ensemble les
résultats de l'ECBC. J'ai toujours du pseudomonas en grande quantité (10
puissance 7, je suis millionnaire, rappelez-vous !), mais également du
staphylocoque doré, et un nouveau germe que je ne connaissais pas encore :
achromobacter xylosoxidan (si j'ai bien retenu, c'est une bactérie qui
fonctionne un peu comme le pseudomonas). C'est le printemps, et les bactéries
fleurissent dans mes poumons, terrain fertile.
Finalement, je ressors avec une ordonnance d'antibiothérapie orale et de
corticoïdes pour deux semaines. Le rendez-vous de contrôle du 31 mai est
maintenu.
La nuit, je continue mon rythme complètement perturbateur d'une grosse quinte
de toux entre minuit et 1h, puis je m'effondre de fatigue. Le lendemain matin,
j'ouvre la boîte d'antibiotiques, et le sourire revient automatiquement :
les gélules que j'avale sont couleur bleu turquoise, j'ai l'impression que
c'est pour me dire que je vais être en forme pour les vacances au soleil. Comme
quoi, il suffit de vraiment rien pour me donner le sourire !
En arrivant au boulot, je déchante quelque peu car je suis à nouveau prise de
cette quinte inutile et je n'arrive plus à respirer comme il faut. La pastille
que j'étais en train de sucer pour calmer ma gorge se retrouve expulsée sur mon
bureau (beurk), et je dois m'isoler pendant dix minutes avec mon Flutter pour
retrouver un minimum de contrôle sur ma respiration et ma toux. Mes collègues
s'inquiètent car, pour une fois, ça se "voit" que la mécanique de l'intérieur
n'est pas très bien huilée. L'après-midi, en sortant de ma séance de kiné, je
m'effondre littéralement dans le magasin où j'étais entrée pour acheter des
enveloppes. Je ne peux plus m'arrêter de tousser, et je dois m'assoir par terre
pour récupérer. Comme je suis à Paris, je ne perturbe personne, ni les employés
du magasin ni les autres clients ne se préoccupent de savoir ce que je fais
là... J'ai hâte que les antibiotiques et les corticoïdes fassent leur
effet.
Heureusement, le soir, je romps avec le cercle vicieux des sept dernières
nuits. J'ai pu m'endormir sans quinte de toux, et ça me fait un bien fou. Vive
les antibios des tropiques !
Rayons de sourire,
Jessica