En rédigeant ce billet du jeudi, je me dis qu’il pourrait être un article de
la Lettre Aux Adultes (LAA), à la manière de La Carte de Vini (dont je vous
avais parlé dans ce billet). Vini nous
faisait partager ses voyages, ses découvertes du monde, jamais freiné par la
muco. Vini m'a accompagnée tout au long de mon périple. Merci à lui de m'avoir
montré le chemin.
Sur les murs du CRCM de Cochin est inscrite une citation de Gregory
Lemarchal :
« Se promettre des choses à soi-même est le plus grand des défis. Le plus beau est de les relever. »
Depuis longtemps déjà, je rêvais de pouvoir contempler Jérusalem, une ville
chargée d'histoire et de sens. Lorsque l'occasion s'est présentée de participer
à ce voyage, je n'ai pas voulu la laisser passer. Comme pour tous les autres
projets que j'entreprends, j'ai décidé de me donner les moyens de relever ce
défi personnel. D'ailleurs, lorsque j'ai dû subir une cure de perfusions au
mois de septembre, j'ai tout de suite vu le côté positif, notamment que
j'allais être en pleine forme pour profiter de mes vacances. Il est
effectivement très rare que j'ai du mal à respirer si tôt après la fin d'une
cure.
C'est pourquoi je n’en menais pas large la veille du départ, lorsque mon mari
m’a proposé d’annuler notre voyage pour que je puisse faire une cure IV et me
requinquer. Je voulais me convaincre que le traitement du moment (le quatrième
en trois semaines !) allait me permettre de partir, même si je n’arrivais pas
encore à faire une nuit complète. Je ne voulais pas inquiéter mon homme outre
mesure, et surtout je ne voulais pas céder face à la muco. La pneumo m’avait
donné son feu vert pour partir, équipée de ma grosse trousse à pharmacie. Si
elle ne m’avait pas estimée assez en forme, elle aurait mis en place une
nouvelle cure IV, comme à Pâques, où j’avais été tellement attristée de devoir
annuler mon week-end en Alsace, mais tellement soulagée d’être prise en charge
dès que le besoin s’en fait sentir. En moi s’opérait un véritable bras de fer
entre ma muco et mon espérance.
C’est donc armée d’antibiotiques, de corticoïdes, de ventoline, de propolis
liquide et d’huiles essentielles que je me suis envolée pour la Terre Sainte.
Dès le trajet en avion, je me suis fait remarquer par cette toux si forte, si
gênante, si productive heureusement. Mon handicap ne se voyait toujours pas
mais il s’entendait.
La première partie du séjour a été intense. Physiquement, le rythme était
soutenu, or je ne souhaitais pas me démarquer du groupe. J’avais escompté un
air chaud et sec dans le désert, cependant il était plutôt poussiéreux et j’ai
eu du mal à respirer. J’ai réussi à faire quelques séances de kiné respi pour
me désencombrer, ce qui m’a permis de suivre toutes les randonnées (à mon
rythme). Les quintes de toux ont perdu en vigueur au fur et à mesure. À chaque
pas, je me sentais de plus en plus fière de moi.
Devant l'immensité du désert, j'ai mis en pause mon cerveau qui débite des
centaines de pensées à la minute, et j'ai profité du moment présent. Au milieu
de ce décor de cinéma, j'ai fait le plein de souvenirs, de rencontres, de
partage, de prières, d'énergie, de vitalité.
Même si j’ai dû attendre le septième jour de voyage pour décrocher le Graal (=
une nuit complète sans toux), j’y suis finalement arrivée. Même si la muco
cherche toujours à bouleverser mon confort de vie, j'ai en moi la force de
lutter pour magnifier chaque petite victoire en grande satisfaction
personnelle.
Aujourd’hui je reprends mon rythme kiné/boulot/dodo, et je compte bien me
lancer d'aussi beaux défis à relever ! (Le prochain sur la liste :
réaliser un bel album photo du voyage !)
Rayons de sourire,
Jessica