De façon totalement prévisible, mon coeur de maman a complètement fondu
devant le calendrier de l'avent proposé par le magazine Popi : le petit
train des câlins.
L'idée est d'ouvrir une fenêtre du train chaque jour de l'avent, et d'effectuer
le câlin qui correspond : câlin sauterelle, câlin chouette, câlin mouton,
câlin grenouille, câlin poisson, câlin chat, etc. (Heureusement qu'il y a le
descriptif sous chaque dessin, ça aide !)
Or, comme peuvent le constater tous les utilisateurs de calendriers de l'avent,
on est le 14 décembre et toutes les fenêtres du train des câlins sont encore
fermées ! (En comparaison, le calendrier de l'avent avec les petits
chocolats pour Adrien est déjà bien entamé !)
Comme j'ai commencé ma cure IV le 1er décembre, les contacts physiques et les
câlins avec mon fils sont suspendus jusqu'à la fin du traitement. A son âge,
Adrien comprend bien que maman est malade et qu'il ne faut pas toucher
l'aiguille, mais le geste n'accompagne pas toujours la parole. Un coup (de
poing, de pied, de tête !) est vite parti et je préfère ne pas prendre le
risque de déplacer l'aiguille de la chambre implantable. J'ai déjà eu assez de
frayeurs la semaine dernière sur le fonctionnement du système !
Des cinq sens, celui que j'ai le plus développé est sûrement le toucher. Il
faut dire que l'odorat est complètement hors service depuis 25 ans, alors le
goût en pâtit également. Et puis, ma vue de myope ou l'ouïe abîmée par les
injections de Nebcine ne sont pas de très bons candidats pour monter sur la
plus haute marche du podium... Ce n'est finalement pas très surprenant que je
sois une personne très tactile.
Je sais bien que c'est contraire aux règles d'hygiène des personnes atteintes
de mucoviscidose, destinées à limiter les infections croisées entre patients.
On ne se serre pas la main, on ne s'embrasse pas, on se fait servir de l'eau
par un tiers pour ne pas contaminer les objets de la collectivité, etc. Au
travail, par exemple, je suis assez stricte sur ces règles, ce qui me vaut une
réputation de personne peu chaleureuse. Par contre, dans la sphère privée, avec
ma famille et mes amis, c'est important de pouvoir établir cette connexion
physique.
J'ai remarqué qu'on ne fait pas de câlin à une personne malade, on ne la touche
pas. Quand je suis hospitalisée, le simple fait d'être installée dans un lit
d'hôpital explique que mes visiteurs me disent bonjour sans m'embrasser, sans
me prendre dans leurs bras... et ça me manque énormément. Pendant mes cures de
perfusion, le contact physique est toujours un peu plus compromis, alors il me
faut l'adapter. Rien que de pouvoir sentir mon homme qui serre fort ma main ou
qui m'embrasse le front, ça me permet de me sentir encore vivante et aimée.
J'ai vraiment besoin de ces petites marques d'affectation physiques, qui
représentent, chacune à leur tour, une victoire sur la maladie. Tant que j'ai
droit aux câlins, c'est que j'ai le dessus sur la muco !
En conséquence, le petit train des câlins va prendre un peu de retard sur
l'horaire prévu par Popi, mais je compte bien me rattraper au plus vite dès que
la cure s'arrête... et c'est déjà demain ! Youpi !
Rayons de sourire,
Jessica