Après plusieurs semaines confinée, durant lesquelles je limitais les sorties extérieures au strict nécessaire, il m'est un peu difficile de me projeter dans les lieux publics. Bien sûr que j'étais contente de retrouver mes amis, en privilégiant les retrouvailles au grand air et en appliquant les gestes barrières, mais j'ai eu du mal à me réjouir immédiatement de ma première sortie au restaurant depuis longtemps ! Aurais-je viré parano depuis le confinement ?
Après quelques hésitations sur la marche à suivre, j'ai pesé le pour et le contre des arguments de mon homme, qui m'ont finalement convaincue. Pour un retour au restaurant, nous avons testé "Des roses et des orties", le nouveau concept qui a remplacé l'Amphitryon (un restaurant qui était cher à mon coeur, car il était fortement impliqué dans la lutte contre la mucoviscidose, et qui organisait chaque année un repas de gala en faveur de Vaincre la muco, rappelez-vous dans ce billet par exemple).
Même si la météo ne se prêtait pas à un dîner en plein air, l'espace réglementaire entre les tables avait été aménagé pour respecter les nouvelles règles de distanciation sociale. Les employés nous ont reçus masqués, et tous les clients devaient être également masqués avant d'être conduits à leur table.
Evidemment, les masquent tombent à partir du moment où les plats sont servis, ce qui me rappelle les assemblées générales de Vaincre la Muco où les patients sont espacés pour les repas, et ne doivent pas toucher les plats mais se faire servir. Or, je n'ai jamais eu peur d'aller à un rassemblement avec d'autres patients muco. Pourquoi sentir une petite sensation de panique à l'heure d'aller au restaurant ? Oh, peut-être que j'ai plus confiance en la population muco, entraînée et même sur-entraînée, à respecter des règles d'hygiène par rapport au reste de la population... (Non, je ne peux décidément pas regarder les chaînes d'information qui diffusent des reportages où les gens oublient toutes les règles de sécurité et d'hygiène lorsqu'il s'agit de s'entretuer pour faire ses courses... et la palme revient bien sûr à tous ceux qui ont fait un trou dans leur masque au niveau de la bouche "pour pouvoir mieux respirer"...)
Retrouver ces lieux agencés de façon différente, c'est en lien avec le prisme qui va nous accompagner pendant quelque temps dans toutes nos activités du quotidien. Il y aura forcément une comparaison de chacune de nos actions avec celles du "monde d'avant", (sous-entendu avant le confinement), et certaines choses qui étaient difficilement acceptées dans le "monde d'avant" seront un peu plus facilitées aujourd'hui, et inversement.
Aujourd'hui, plus personne ne me fait de réflexion sur mon masque, car il est devenu la nouvelle règle (voire même une nouvelle pièce tendance, à la mode !). Et ce qui est très agréable, c'est de ne plus devoir supporter les remarques désagréables de mes collègues lorsqu'ils s'offusquent de ne pas avoir de bise. Aujourd'hui, plus personne ne fait la bise ou ne serre la main pour dire bonjour. Nos codes sociaux ont changé, à moi de m'adapter également à ce nouveau monde, en restant prudente.
Peut-être que nous serons un peu plus sensibilisés aux handicaps invisibles, laissez-moi rêver...
Rayons de sourire,
Jessica