A quand la muco à la retraite ?

Sujet brûlant d’actualité : la réforme des retraites ! (Synonyme de : galère de transports, adaptation des horaires de la nounou, temps bonus avec Adrien, puzzle à quatre mains, Billet du Jeudi décalé une fois qu’il est couché !)


En ce qui me concerne, j’ai mis beaucoup de temps pour arriver à me projeter en tant que retraitée. Déjà parce que mon espérance de vie était tellement limitée que mon horizon n’allait pas bien loin. Passer le cap des 10 ans a été une épreuve difficile, car c’était la « limite » dont les médecins parlaient, sans prendre de gants. J’étais d’autant plus persuadée que cette première dizaine marquait ma date de péremption que j’avais une confiance absolue en la parole des médecins.
Et puis j’ai soufflé onze bougies, puis douze, puis treize, et finalement, la vie continuait. Il y avait des périodes plus ou moins agréables, plus ou moins encombrées, plus ou moins perfusées. Inconsciemment, je m’étais interdit de me projeter sur le long terme, alors penser à la retraite, cela me paraissait totalement incongru !
Et puis je me suis lancée dans des longues études, parce que j’en avais envie et que je m’en sentais capable. Je ne pensais plus à ma date de péremption, car maintenant que je l’avais dépassée, tout me semblait possible. Ce n’était peut-être pas du goût de tout mon entourage, néanmoins je ne prêtais pas attention à ceux qui voulaient me démontrer que je n’avais pas ma place dans les études supérieures, et encore moins dans un concours. En tout cas, je leur faisais croire que je ne prêtais pas attention à eux, mais intérieurement, je me suis posée mille questions sur ma légitimité à « prendre la place de quelqu’un qui pourrait oeuvrer pour la société » (contrairement à moi qui n’allais être qu’une profiteuse qui vivrait aux crochets de la société dès que la maladie allait évoluer). Là, j’ai bien dû me forcer à me projeter, et à remettre les choses à leur place. Des accidents de la vie, cela arrive (malheureusement) très souvent, et personne ne peut y être préparé. Utiliser son handicap comme une force pour avancer dans la vie, cela fait en somme partie de ma philosophie. Carpe Diem, Alleluia, Eurêka ! J’ai décidé de me laisser surprendre par la vie. Je m’efforce de protéger mon capital santé au maximum, afin de le maintenir le plus longtemps possible. Je me préserve dans la sphère professionnelle, je n’accepte pas plus ce qui mettrait en danger ma santé.
Et puis j’ai ouvert un plan d’épargne retraite ! Mon quotidien n’en a pas été chamboulé, je ne perçois plus le terme de « retraite » comme un gros mot mais comme un projet à préparer pour le futur. Tout de même, la perception de mon avenir a énormément changé récemment (merci Kaftrio !), je n’ai plus de barrière psychologique car depuis de nombreuses années, je considère toutes ces années gagnées comme du bonus. Qui sait, j’arriverai peut-être un jour à la retraite (après 50 ans d’activité professionnelle !), même si ce n’est pas mon objectif principal.
Aujourd’hui je savoure chaque moment qui m’est donné de vivre (et plus particulièrement les moments privilégiés avec mon fils). Je prends ce que la vie me donne, et je l’en remercie.
Je ne vais pas attendre la retraite pour réaliser mes projets, je m’emploie à ne pas remettre à plus tard, et cela me convient finalement !
J’ai vraiment hâte que la mucoviscidose puisse prendre sa retraite, n’empêche ! Pour que plus aucun patient ne ressente cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Rayons de sourire,
Jessica

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